Djerba au sud de la Tunisie et l'Italie en Tripolitaine

Contenu

Titre
Djerba au sud de la Tunisie et l'Italie en Tripolitaine
Date
1902-04-12
Résumé
Soumise, comme le reste de la régence, au protectorat de la France, cette petite île de 46 kilomètres carrés n’est coupée de la côte de Gabès que par un bras de mer presque sans fonds. L’île compte 47.000 habitants. Le voisinage de la Tripolitaine fait de Djerba un lieu de réunion pour les réfugiés fuyant les exactions des Turcs, dont la mauvaise administration fait lé jeu des Italiens. Notre correspondant de Tunis nous adresse la vue que nous reproduisons ; il nous signale des va et vient actifs entre Tripoli et Djerba, d’acheteurs de toile et des célèbres châles aux couleurs voyantes, qui sont si recherchés en Sicile. Le chancelier de Bulow a fait publier, à l’issue de sa conférence à Venise, avec son collègue venu de Rome, que l’Allemagne laissait l’Italie libre de réaliser à son heure ses vues sur Tripoli. Il y a peu de jours, la Porte protestait auprès du ministre italien à Constantinople, contre l’introduction d’armes dans la Tripolitaine par des barques siciliennes ayant à bord des officiers déguisés en pêcheurs. Au xvie siècle, les Turcs ont chassé les Espagnols de Djerba. Les Turcs ont beau renforcer leur petite garnison de Tripoli, le drapeau italien flottera souverainement sur les côtes de la dernière régence du Sultan de Constantinople dans le nord de l’Afrique. L’occupation de Tripoli fermera la blessure faite à l’amour-propre des Italiens par les mécomptes militaires et économiques de Massaouah. Ils réduiront successivement les frais de leur possession sur la mer pour déverser sur la Tripolitaine le trop plein do leur population qui va cultiver avec tant de succès dans la République Argentine et au Brésil d’immenses plantations de café. Sous une action européenne, une ville de 30.000 habitants, comme Tripoli, prendra vite du développement commercial. Le million de Maures, d’Arabes, de Berbères ou Kabyles, de Koulouglis, de Turcs, de Francs, de Juifs et de Nègres qui s’espacent sur 1.500 kilomètres de côtes avec une surface globale de 4.200 myriamètres de terrains, s’accommoderont aussi bien du régime italien, que les Tunisiens de toute race se sont faits au protectorat de la France. Certes Djerba n’est rien comme importance maritime à côté du port de Tripoli ; nous n’en sommes pas moins heureux de la petite île qui occupe la partie méridionale du golfe de Gabès. Au point de vue militaire, l’importance de Djerba s’accroîtra avec l’installation des Italiens dans la Tripolitaine. La fraude et la contrebande-vis-à-vis de la douane ne devant pas manquer de prendre du développement avec l’accroissement du cabotage italien, nous aurons à installer une surveillance sérieuse des côtes que nous protégeons. L’heure paraît proche où, malgré la cordialité de nos rapports avec l’Italie, nous aurons à redoubler de vigilance en Tunisie, puisque nous l’aurons pour voisine en Tripolitaine.
Langue
fre
volume
90
numéro
2350
pages
239
Droits
domaine public

F. L. B., “Djerba au sud de la Tunisie et l'Italie en Tripolitaine”, 1902-04-12, bibliographie, consulté le 18 septembre 2024, https://ibadica.org/s/bibliographie/item/13811

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