Paris, « Je suis obligé de manger sur mon lit depuis quinze ans »
Contenu
- Titre
- Paris, « Je suis obligé de manger sur mon lit depuis quinze ans »
- Créateur
- Duffé, Julien Voir tous les contenus avec cette valeur
- Date
- 2016-10-10
- Dans
- Le Parisien Voir tous les contenus avec cette valeur
- Résumé
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« C’est petit je vous préviens », glisse, gêné, Momo, 54 ans, en entamant l’ascension des six étages par l’escalier de service décrépit. Depuis 2001, ce salarié d’une épicerie du XVII e loue 200 € par mois à un particulier une chambre de 6 m 2 dans un immeuble situé près de l’avenue de la Grande-Armée (XVI e). Une adresse identifiée par la Ville dans le cadre de son nouveau plan.
Contraint de se laver à son travail ou aux bains-douches
Le tour du propriétaire est vite expédié : un lit, une penderie en tissu, une armoire qui déborde, une télé minuscule, un frigo, un vieux radiateur électrique et un petit réchaud… « Depuis quinze ans, je suis obligé de manger sur mon lit et, évidemment, je ne peux pas recevoir mes amis », soupire Momo, qui du coup passe la majeure partie de son temps dehors. « En même temps, je travaille de 7 h 30 à 20 heures : je ne reviens ici que pour dormir », confie le quinquagénaire, payé au smic.
Les toilettes sont au bout du couloir dont le parquet gondole dangereusement, tout comme un grand évier d’où ne coule que de l’eau froide. « Heureusement, il y a une douche à mon travail, poursuit-il. Et lorsque le patron refuse, je vais aux bains-douches de la mairie. » Arrivé en France il y a trente-sept ans, le père de famille a laissé à Djerba (Tunisie) sa femme et leurs quatre enfants, qu’il retrouve tous les étés. « Souvent ma femme me dit qu’elle veut voir là où je vis mais je lui réponds : jamais. » Le rêve de Momo : un studio avec sanitaires et eau chaude. La Ville a promis de l’aider à se reloger dignement s’il en formulait une demande en bonne et due forme. « Dès que j’ai un nouvel appartement, je quitte cette chambre, mais pas avant, prévient-il. Je préfère encore vivre ici qu’à la rue. »
Près de l’avenue de la Grande-Armée (XVIe), samedi. Ce salarié d’une épicerie parisienne vit dans ce réduit de 6 m2 loué 200 €par mois à un particulier. - Place
- Paris
- Langue
- fre
Duffé, Julien, “Paris, « Je suis obligé de manger sur mon lit depuis quinze ans »”, 2016-10-10, bibliographie, consulté le 21 décembre 2024, https://ibadica.org/s/bibliographie/item/16584
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